Les tenants du capitalisme (pourquoi rajouter "financier" ? Y-aurait-il un
capitalisme qui ne soit pas financier ? Comme une laïcité négative, en sorte...) disent toujours la même chose : c'est le marché qui doit tout réguler, la fameuse "main invisible", y compris en
matière d'éducation, de culture, d'énergie et j'en passe...
La concurrence doit être libre et non faussée, l'Etat ne doit pas se mêler de tout cela etc etc.
Mais, car il y a un mais, lorsque la situation se dégrade, alors l'Etat, les finances publiques (c'est à dire nous) doivent résoudre la crise en injectant l'argent nécessaire.
Il est là, l'équilibre que souhaite Sarkozy : démanteler les services publics, privatiser, laisser faire, puis, lorsque le besoin s'en fait sentir, subventionner. Sans contre-partie aucune. Hier,
les autoroutes étaient vendues. Demain la poste. Après-demain, lorsque les salariés n'auront plus aucune garantie ni de salaire ni de stabilité d'emploi, que la productivité sera le maître mot,
au détriment de la qualité du service rendu, que la concurrence jouera à plein, si ces entreprises venaient à se casser la figure, au risque de ruiner les actionnaires, alors on limogera la
direction avec "quelques" indemnités, et nous devrons consentir à un effort supplémentaire pour pouvoir renflouer la machine, qui n'aura toujours aucune garantie à nous donner, en échange, sur la
qualité de ses services.
Mais quel est donc l'intérêt pour nous, qui n'avons pas d'actions en bourse ? Et au delà de nos intérêts particuliers, quel est l'intérêt pour la France ?
Privatiser les services, l'énergie, n'est-ce pas nous mettre en danger ? La France est prisée des entreprises qui savent que, grâce aux réseaux routiers, au système éducatif, de santé etc. elles
pourront accroître leur productivité. Un salarié en bonne santé, n'ayant pas de problème de logement, de garde d'enfant, ayant eu une formation performante, pouvant se rendre au boulot en
transport en commun rapidement est un salarié qui produit mieux et plus. La droite est en train de casser cela, et Sarkozy fait mine de revenir dessus. Mais écoutez-le bien quand il dit "la crise
financière n'est pas la crise du capitalisme" (mais c'est la crise de quoi, alors ?) et lorsque, plus loin, il dit : "Oui, il arrive que l’autorégulation soit insuffisante. Oui, il arrive que le
marché se trompe. Oui, il arrive que la concurrence soit inefficace ou déloyale. Alors il faut bien que l’Etat intervienne, qu’il impose des règles, qu’il investisse, qu’il prenne des
participations, pourvu qu’il sache se retirer quand son intervention n’est plus nécessaire."
Pensez-vous sincèrement un seul instant que la droite ira dire à des entreprises florissantes qu'elles se trompent, qu'elles vont trop loin, que l'Etat doit intervenir pour des raisons de
sécurité (imaginons le cas de centrales nucléaires privatisées, des routes, du réseau ferré), de qualité de service (enseignement, formation, culture, télévision) ? Je ne le crois pas un seul
instant.
Ce que Sarkozy veut dire c'est : quand ça fonctionne, que ça produit de l'argent, très bien. Cela signifie que le marché régule bien. Si ça ne marche plus, si la situation financière de telle
entreprise devient dangereuse, alors l'Etat sera là pour renflouer. Mais pas question d'intervenir dans la gestion des projets, du personnel, le type de matériau utilisé, la qualité des
formations professionnelles, les consignes de sécurité... Non, bien sûr, pour tout cela, il faut que l'entreprise et ses actionnaires restent les seuls maîtres à bord. l'Etat doit savoir "se
retirer quand son intervention n'est plus nécessaire", c'est à dire quand l'entreprise n'a plus besoin de son apport financier.
Et voyez-vous, je ne suis pas d'accord avec ça. Je crois que l'Etat a un rôle bien plus important que celui de simple régulateur financier.
Et pas d'accord non plus avec Michel Rocard, lorsqu'il dit, suite au discours prononcé à Toulon hier : (source AFP)
L'ex-Premier ministre Michel Rocard (PS) voit en Nicolas Sarkozy le représentant d'"une droite réformatrice
et intelligente" avec laquelle la "gauche non révolutionnaire" peut trouver "une grande convergence", dans un entretien au Parisien-Aujourd'hui en France vendredi.
"C'est un homme de droite ouvert. La crise est suffisamment grave pour qu'on respecte ce qu'en dit le
président sans y voir, en plus, de la manoeuvre politicienne", déclare M. Rocard après le discours du chef de l'Etat à Toulon.
Que des hommes politiques de droite "se rendent compte qu'il y a une erreur d'aiguillage du capitalisme
n'en fait pas des hommes de gauche pour autant, mais cela rend des convergences possibles", ajoute-il.
Selon M. Rocard, il peut ainsi "y avoir une grande convergence entre une droite réformiste et intelligente
- ce qui est le cas de Nicolas Sarkozy - et une gauche non révolutionnaire".
"S'il y a un sommet mondial, comme il (le chef de l'Etat) le demande, il y a aura sûrement des
gouvernements de gauche qui y participeront", assure-t-il.
L'ancien Premier ministre juge aussi que "la composition du gouvernement" montre que le président "n'est
pas un homme sectaire".
"Les amitiés et les relations de M. Sarkozy sont clairement dans le grand capital, clairement à droite",
concède toutefois le député européen, dénonçant par ailleurs "l'inhumanité avec laquelle il traite le problème de l'immigration".
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Je ne suis pas le moins du monde révolutionnaire. Je me revendique réformiste, et d'abord parce que je suis de gauche. Qui, sinon la gauche, est à l'origine des grandes réformes de notre pays ?
Congés payés, sécurité sociale, diminution du temps de travail (40 heures, 39 heures, 35 heures), CMU, retraites, abolition de la peine de mort, vous pouvez faire des recherche : en France, c'est
toujours la gauche qui a fait avancer les choses. La droite tente aujourd'hui de reprendre à son compte ce mot de réforme, et de lui donner la signification de "recul social". La droite "réforme"
les retraites ? C'est pour aboutir à la seule retraite par capitalisation. La droite réforme la sécu ? Les mutuelles ? C'est pour aboutir au seul système des assurances privées. La droite ed
Sarozy, je ne la trouve pas "réformiste et intelligente". Je la trouve déterminée et dangereuse. Et vous comprendrez que je ne me trouve aucune convergence possible avec Sarkozy, parce que je
connais trop bien ces ficelles là. Lorsqu'on regarde comment tous les services publics sont attaqués aujourd'hui, on sait où il va, et si j'ai décidé de faire de la politique, c'est pour lutter
contre ce système. Que Darcos disent que les instituteurs ne sont bons qu'à changer des couches, cela signifie qu'il prépare le terrain pour recruter, dans l'avenir, des professeurs au rabais
(après tout, pas besoin de faire des études pour cela, créons un CAP d'instit, ce sera tout aussi bien et moins cher) Je refuse cela, car je crois que si la France suit cette voie, alors elle verra
sa crise augmenter. Quel entrepreneur sensé viendrait installer sa boîte dans un pays où les salariés sont mal formés, où les accidents sont légions parce que les routes ne sont pas entretenues, où
ils meurent prématurément faute de soins, où ils ont tellement de mal à trouver un logement proche de leur lieu de travail (faute de transports publics, comment faire autrement) qu'ils ont l'esprit
trop occupé pour bien travailler, dont les enfants ne peuvent être gardés ou scolarisés, où les salaires ne justifient pas qu'ils soient attachés à leur entreprise ?
Non, vraiment, de convergence, je n'en vois aucune. Ni grande, ni petite. Que des gouvernements de gauche participent à un sommet mondial, cela me semble normal, et même nécessaire. S'ils pouvaient
être majoritaires, ce serait encore mieux. Et je ne vois même pas pourquoi la question se poserait. La gauche ne se cantonne pas au social. Nous avons toujours affirmé que c'est le politique qui
devait maîtriser l'économie, et non l'inverse. Alors pourquoi des gouvernements de gauche ne participeraient pas à un sommet économique mondial ? Je ne comprends pas ce qu'insinue Michel Rocard,
peut-être rien d'ailleurs, mais je l'affirme de mon côté : la gauche, au niveau international, ne doit pas baisser les bras face à ces gouvernements de droite. Bien au contraire. Nous devons
aujourd'hui affirmer nos positions, et pour cela participer, ou mieux, organiser des sommets économiques pour affirmer notre vision politique du monde.