Alors que la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel est toujours bloquée au Sénat, je partage ci-dessous le communiqué du collectif « Abolition 2012 » sur cette situation :
Les inégalités femmes-hommes au Sénat font obstruction à la sanction des clients de la prostitution !
Cinq faits et une illustration flagrante du sexisme de la « Chambre haute ».
Parce que contrairement au Sénat,
- la société française n’est pas composée de 74% d’hommes
- la moyenne d’âge des Français.e.s n’est pas de 65 ans ;
Nous, associations de lutte contre les violences sexuelles et sexistes :
Vous vous demandez pourquoi le Sénat bloque depuis décembre 2013 l’adoption définitive de la proposition de loi visant à dépénaliser les personnes prostituées et à sanctionner l’achat d’un acte sexuel ? La réponse est sociologique et statistique : la « Chambre haute » est composée de 74% d’hommes et de 26% de femmes. Sa moyenne d’âge est de 65 ans.
Or au Sénat, comme dans la société, les chiffres sont explicites (VOIR NOS 5 FAITS CI-DESSOUS). Les femmes et les jeunes sont favorables à la pénalisation des clients de la prostitution, alors que les hommes, surtout âgés, défendent encore le droit de disposer sexuellement et financièrement du corps des femmes.
C’est donc sans surprise qu’on notera que dans tous les groupes politiques, la mobilisation en soutien à la PPL est animée principalement par des femmes courageuses : Laurence Cohen (CRC), Brigitte Gonthier-Morin (CRC), Michelle Meunier (SOC), Maryvonne Blondin (SOC), Claudine Lepage (SOC), Chantal Jouanno (UDI), Valérie Létard (UDI), Fabienne Keller (LR), Joëlle Garriaud-Maylam (LR) ou Sophie Primas (LR).
Mais au Sénat, les femmes sont rarement présidentes (ni de groupes, ni de Commission spéciale). Et c’est donc aussi sans surprise qu’on retrouve des présidents de tous bords pour défendre les privilèges masculins : Jean-Pierre Godefroy (SOC), ancien président de la Commission spéciale, Jean-Pierre Vial (LR), nouveau président de la Commission spéciale, Didier Guillaume, président du groupe socialiste, Bruno Retailleau, président du groupe LR, François Zocchetto, président du groupe UDI.
LE CRITÈRE DÉTERMINANT : LE SEXISME
FAIT 1
Le 8 juillet 2014 en commission spéciale, 75% des sénateur.ice.s ayant voté pour la pénalisation des clients étaient des femmes alors que 75% des sénateur.ice.s ayant voté contre étaient des hommes.
FAIT 2
Dès 2012, le sondage Harris Interactive « Les français et la prostitution » montraient que 59% des femmes étaient favorables à la pénalisation des clients de la prostitution.
FAIT 3
Dans son classement mondial sur l’égalité femmes-hommes, publié en octobre 2014, le Forum économique mondial indiquait que la Suède, la Norvège et l’Islande, trois premiers pays au monde à avoir dépénalisé les personnes prostituées et pénalisé les clients, faisaient partie des quatre pays au monde les plus avancés en matière d’égalité femmes-hommes. Premier pays à avoir introduit une législation abolitionniste, la Suède comptait, dès 1999, 48% de femmes au Parlement.
LE FACTEUR AGGRAVANT : L’ÂGE
FAIT 4
Dès 2012, le sondage Harris Interactive « Les français et la prostitution » montraient que 65% des 18-34 ans (femmes et hommes confondus) étaient favorables à la sanction des clients de la prostitution. À l’inverse 64% des 50-64 ans étaient contre la sanction des clients de la prostitution.
FAIT 5
Il y a 7 ans d’écart de moyenne d’âge entre les sénateur.ice.s qui ont signé l’amendement de pénalisation des clients de prostitution (plus jeunes et à 56% des femmes) et ceux qui ont signé l’amendement supprimant la pénalisation des clients de la prostitution (plus âgés et à 77% des hommes).