Hier avait lieu le conseil municipal d'Aix-en-Provence. De nombreux rapports concernaient les affaires quotidiennes de la villes et avec mes collègues du groupe « Démocratie pour Aix », nous sommes notamment intervenus sur la délégation de service public au Pasino (afin en particulier que le jardin prévu dans le projet ne soit pas oublié) et sur les baisses de subvention.
Personnellement, j'ai pris la parole sur les rapports 11.3 et 11.5 qui concernaient l'augmentation des tarifs de cantine et la création d'une tarification pour l'heure consacrée aux activités périscolaires. Une politique assumée par la municipalité, puisque comme me l'a répondu Gérard Bramoullé, adjoint aux finances, il s'agit de faire payer les usagers plutôt que les contribuables : cela permet de dire qu'on n'augmente pas les impôts… alors que la municipalité fait payer aux familles aixoises jusqu'à 492 € par an là où elles ne dépensaient rien il y a encore quelques années !
Retrouvez ci-dessous le texte de mon intervention :
Madame la Maire, mes cher-e-s collègues,
Vous nous proposez de voter la création d’une nouvelle tarification, celle de l’heure quotidienne consacrée aux activités périscolaires et l’augmentation des tarifs de cantine. Pour une municipalité qui fait de l’impôt son principal argument chaque fois qu’elle le peut, que ce soit contre la métropole, contre le gouvernement, contre les Marseillais et contre quiconque critique son action, vous avouerez que cela a de quoi surprendre. Vous demandez aux familles 140 € supplémentaires par an et par enfant alors même que vous avez déjà mis en place une tarification pour la garderie depuis 2011, que vous avez largement augmentée l’an dernier, (le tarif était de 50 € par enfant et par an, il est aujourd’hui de 352 € par enfant et par an !) au prétexte (déjà !) que la réforme des rythmes scolaires coûtait cher à la ville. D’ailleurs, nous vous avions fait remarquer qu’il était assez indécent de considérer que le bien-être des enfants coûte à une municipalité, alors même qu’il nous semble, à nous, que vous devriez tout mettre en œuvre pour que les jeunes Aixois·e·s aiment l’école et deviennent, un peu grâce à vous, des citoyennes et des citoyens éclairés. Nous réitérons cette remarque aujourd’hui.
Si je reprends le document explicatif de la réforme des rythmes scolaires que vous avez vous-mêmes rédigé en amont de la dernière rentrée, vous estimez le coût du dispositif à 1,5 à 2 millions pour la ville.
Calculons ensemble :
Les dotations de l’État vous amènent 460 000 € (50 € par enfant et par an). Je reprends bien sûr les chiffres que vous donnez.
Le temps d’activité périscolaire que vous mettez en place, si chaque enfant y participe, vous apportera 1,288 million d’euros (140 € x 9200 enfants inscrits en primaire). Et l’esprit de cette réforme, s’il n’est pas d’obliger les enfants à participer à ces activités, est bien de les y inciter parce qu’elles participent de l’ouverture à la culture, à la citoyenneté, aux échanges, à la découverte du patrimoine communal au sens large du terme. Nous en sommes loin à Aix, mais j’y reviendrai.
Si l’on rapporte ce calcul au nombre d’enfants que vous déclarez comme participants aux garderies (7500) cela fait tout de même plus 1 050 000 € !
Ce à quoi il faut ajouter les financements CAF que vous avez enfin décidé d’aller chercher en mettant en place des partenariats avec les centres sociaux, et de nouveaux financements de l’État liés au PEDT que vous voulez mettre en place, ce qui est, soit dit en passant, une bonne chose.
Vous allez gagner de l’argent sur le dos des enfants et des familles, voilà ce qui va se passer si cette délibération est votée !
Vous inventez de fallacieux prétextes pour saigner à blanc les familles, qui, si elles veulent pouvoir bénéficier de l’ensemble des accueils périscolaires doivent aujourd’hui débourser près de 500 € par an, oui, 492 € très exactement ! Et tant qu’à faire, vous en profitez aussi pour augmenter les tarifs de cantine scolaire… Après tout, là où il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir…
Donc, là où les familles ne dépensaient rien en 2010, elles doivent aujourd’hui débourser 492 €.
Mais vous n’augmentez pas les impôts… Vous pourrez bien arguer que ce ne sont pas des impôts et que tout cela est de la faute des Marseillais et du gouvernement, vous n’empêcherez pas les Aixois·e·s de penser à juste titre que vous vous faites de l’argent sur le dos de nos enfants.
Si au moins vous proposiez un projet de qualité… Mais là encore il y a tant à dire ! Vous arguez des 470 personnes nécessaires à la mise en place des activités périscolaires. Nous vous avions alerté sur l’inefficacité et les difficultés liées à la formule de trois-quarts d'heure par jour que vous avez choisie. Nous vous avions proposé, et de nombreux parents avec nous, de proposer ces activités deux jours par semaine. Cela aurait réduit de moitié les recrutements nécessaires, vous aurait fait économiser de l’argent, et aurait certainement permis des recrutements de meilleure qualité. Car ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les personnes recrutées — comment ? — n’ont bien souvent aucune qualification et plusieurs problèmes nous ont été relatés. Il s’agit de nos enfants, de leur bien-être mais aussi de leur sécurité. Comment pouvez-vous être à ce point laxistes ?
Quant aux activités elles-mêmes, là encore il y a beaucoup à redire. Les familles vous demandent autre chose que de la garderie. Cette réforme n’a pas été mise en place pour que les enfants aient une heure de cours supplémentaire par jour. Il ne s’agit pas d’école après l’école ! Et pourtant, à Aix, la plupart des référentes et référents sont les enseignant·e·s. Je vais vous relire le texte issu du site du ministère, pour que chacune et chacun soit bien au fait des objectifs de cette réforme, comme des raisons qui l’ont portée. Je vais le faire parce que votre entreprise de dénigrement perpétuel de cette réforme, votre mauvaise volonté évidente à l’appliquer et la façon dont vous la dénaturez ne doivent pas masquer la réalité positive de ce qu’elle apporte.
Je rappelle d’abord que jusqu’en 2008 les enfants avaient école le samedi matin. Et que c’est la droite qui a supprimé cette matinée, avec des conséquences désastreuses pour les enfants.
De nouveaux rythmes scolaires pour mieux apprendre et favoriser la réussite de tous les élèves
La réforme des rythmes scolaires poursuit en premier lieu un objectif pédagogique : la réussite des enfants à l’école primaire dépend pour une part essentielle des conditions dans lesquelles se déroulent leurs apprentissages. Or, depuis la mise en place de la semaine de quatre jours en 2008, les élèves français subissent des rythmes scolaires totalement inadaptés à leurs rythmes biologiques.
La journée actuelle de nos écoliers est en effet plus longue et plus chargée que celle de la plupart des autres élèves dans le monde.
Notre pays cumule ainsi :
- un volume horaire annuel d’enseignement très important, qui s’élève à 864 heures par an contre 774 heures à 821 heures en moyenne - selon l’âge des écoliers - au sein de l’OCDE ;
- le nombre de jours d’école le plus faible d’Europe, à savoir 144 jours seulement contre 187 jours en moyenne au sein de l’OCDE ;
- une semaine particulièrement courte avec 4 jours d’école par semaine, contre 5 voire 6 chez la plupart de nos voisins européens ;
- une année scolaire concentrée sur seulement 36 semaines.
Pour mettre fin à cette spécificité française défavorable à la réussite scolaire de nos enfants, il est nécessaire et urgent d’instaurer un meilleur équilibre du temps scolaire et du temps périscolaire à la fois sur la journée et sur la semaine.
Il s’agit, avec cette réforme, d’assurer un plus grand respect des rythmes naturels d’apprentissage et de repos de l’enfant, grâce à une meilleure répartition des heures d’enseignement en classe sur la semaine, à un allègement du nombre d’heures d’enseignement par jour et à une programmation des séquences d’enseignement à des moments où la faculté de concentration des élèves est la plus grande.
Elle permet également de répondre plus efficacement à la difficulté scolaire dans le cadre de périodes d’enseignement en groupes restreints.
Par ailleurs, les nouveaux rythmes donnent lieu à une meilleure articulation des temps scolaire et périscolaire. L’ensemble des activités proposées aux élèves au cours de la journée sont organisées de façon complémentaire grâce à un dialogue renouvelé avec les collectivités territoriales et aucun enfant ne devra être laissé sans solution de prise en charge avant 16h30.
Les élèves pourront accéder sur le temps périscolaire à des activités sportives, culturelles, artistiques qui développeront leur curiosité intellectuelle, leur permettront de se découvrir des compétences et des centres d’intérêt nouveaux et renforceront le plaisir d’apprendre et d’être à l’école.
Nous avons, à Aix, un environnement culturel, sportif et citoyen tout à fait exceptionnel, et vous faites faire du coloriage ou la révision des leçons ? À 500 € l’année, c’est vraiment déprimant.