Comme disaient les Monty Python "And now, something completly different"... Les jours qui suivent une campagne sont toujours un peu étranges, surtout lorsque l'énergie et l'investissement a été
total, et que le résultat n'est pas au rendez-vous. Je suis quelqu'un de lent, c'est ainsi, et ce n'est pas aujourd'hui que je vous livrerai mon analyse. Lever le nez du guidon m'est nécessaire
avant toute chose. Reprendre pied avec le quotidien, avec tout le reste, tout ce qui avait été mis au second plan durant ces semaines, parfois de façon douloureuse, d'ailleurs, mais toujours en
songeant à l'intérêt des aixoises et des aixois. Le monde continue de tourner, et lorsque durant des jours on ne tourne pas tout à fait à son rythme, un temps est nécessaire pour s'y
ré-accorder.
Heureusement, j'avais prévu (avant l'annulation) quelques jours de congés qui ont commencé hier. Ils me permettront de résorber tout le retard accumulé dans mon mandat de secrétaire nationale
adjointe aux droits des femmes du PS : sortir le n°2 de notre lettre mensuelle Egalitée (oui, avec un "e" à la fin) dont je m'aperçois que je n'ai même pas mis le n°1 (sorti fin juin) en
téléchargement ici... Oubli à réparer ! Préparer notre université de rentrée à La Rochelle, où nous aurons 2 ateliers : l'un sur le féminisme du XXIeme siècle, l'autre sur la marchandisation des
corps. Et en prime, une projection en avant première de l'excellent documentaire "La domination masculine", de Patric Jean, jeune réalisateur belge qui devrait aussi être des nôtres. Pas
fâchée de voir un homme qui s'intéresse au féminisme, car c'est ainsi que nous avancerons vers l'égalité, je le pense profondément. D'ailleurs, je peux vous dire que Jean-Pierre Dubois, président
de la LDH sera présent à l'atelier sur le féminisme du XXIeme siècle. Et que nous avons un engagement à tenir : faire la parité dans la salle lors de cet atelier ! Il nous faut aussi continuer le
travail en groupes thématiques, préparer la manifestation nationale du 17 octobre, et tant d'autres choses ! Heureusement, il y a à la commission nationale droits des femmes une équipe de camarades
formidables qui ont pris le relais, ont continué à proposer, à rédiger, à travailler pendant que je grimpais les cages d'escalier. Un grand merci à eux (non, il n'y a pas que des filles) :-))
Cela me fait quand même rire jaune quand j'entends dire que les socialistes ne travaillent pas... Mais ça m'interpelle aussi, et je me dis que nous devons améliorer la diffusion de tout ce travail.
Nous savons produire, mais comment rendre aux français les résultats de cette production ? Je crois qu'il nous faut revoir notre organisation pour permettre non seulement une meilleure
construction, mais aussi une communication adaptée. Et surtout, arrêtons de perdre notre temps à cracher sur nous mêmes. Pour une bonne photo ou un passage à la télé, ce que quelques uns sont
capables de dire est vraiment pitoyable. Quand, enfin, comprendront-ils que ce n'est pas parce qu'ils auront eu l'attention de nombre de français grâce aux medias qui ne se lassent jamais
de reprendre encore et encore les phrases assassines qu'ils seront un jour président de notre république ? Quand sera-t-on assez intelligents collectivement pour stopper les égos destructeurs ? Car
ils ne renvoient qu'une image : celle du mépris pour nos concitoyens, qui, nous ne le savons que trop, nous le rendent assez aujourd'hui pour que nous en prenions acte.
Martine Aubry l'a rappelé, et elle a tout mon soutien, et celui, je le sais, d'une très large majorité de militants.
Quant à la démarche de rassemblement de la gauche qu'elle a entamée, j'y suis pleinement favorable. J'avais d'ailleurs eu l'occasion de m'exprimer sur ce sujet lors du rassemblement organisé par le
PC à la mi-juin à
Fabregoules. Pour terminer ce billet, je vous donne lecture du courrier qui a été envoyé aux partis de
gauche. Vous l'aurez, au moins, sans le filtre des medias.
A vous de réfléchir sur tout cela, et de nous faire partager vos sentiments.
Copie de la lettre adressée à Jean-Michel Baylet, Marie-George Buffet,
Jean-Pierre Chevènement, Cécile Duflot, Jean Luc Mélenchon et Daniel Cohn-Bendit
Paris, le 7 juillet 2009
La situation du pays est grave. Il est traversé par une crise profonde. Profonde dans l’ampleur des dégâts sur les vies
humaines : la montée du chômage, l’explosion des inégalités et de la précarité sont terribles. Profonde aussi dans sa signification. Cette crise est celle d’un système qui impose la
rentabilité à court terme, l’accumulation de biens matériels et d’argent comme principes majeurs de la société. C’est aussi un modèle de société qui oppose les hommes et les territoires et
détruit la planète.
Pourtant la droite, aujourd’hui emmenée par Nicolas Sarkozy qui fait sienne cette idéologie néolibérale, n’a pas été
sanctionnée dans les urnes.
En cela, le résultat des dernières élections est un nouvel échec pour les forces de progrès, même si les résultats
individuels ont été contrastés. Nous réunissons plus de voix que la droite mais nous apparaissons collectivement comme les perdants du scrutin du 7 juin. Et si certains partis de gauche se
détachent à telle ou telle élection, nous sommes incapables de transformer notre force collective en alternative politique à la droite.
Pour gagner, nous devons surmonter les divisions de nos mouvements et ou de nos partis. Nous devons changer. Nous devons,
d’une seule voix, convaincre les Français que nous incarnons, ensemble, une alternative solide et durable pour bâtir un autre modèle de développement, un nouveau modèle de société, un nouveau
monde.
Comme beaucoup d’entre vous, j’ai appelé de mes vœux une nouvelle démarche de rassemblement à gauche. Une « Maison
commune » ouverte à tous les chemins que nous pouvons emprunter ensemble. Le Parti Socialiste aborde cette démarche sans préalable. Les formes que doit prendre cette démarche sont à inventer
collectivement.
Bien sûr, nos partis et nos mouvements représentent tous une histoire particulière, des valeurs et des projets qui leur
donnent une légitimité politique. Les enjeux changent, les solutions de demain ne sont pas celles d’hier, mais les valeurs et les combats menés demeurent notre socle commun.
Le Parti Socialiste est né des rapports entre capital et travail dans l’entreprise. Il a su unir, à force de luttes,
l'aspiration à la justice sociale et l'attachement aux libertés. Il a apporté une puissante contribution à l’établissement de la protection sociale. Ces combats sont plus que jamais d’actualité.
Mais, ils sont perdus s’ils ne prennent pas compte les nouveaux impératifs de notre société : la mondialisation, la société numérique, les chocs démographiques et écologiques.
Ces évolutions - pensées et régulées - peuvent être positives. Aujourd’hui, elles sont créatrices de nouvelles formes
d’inégalités. Et si l’écologie politique a reçu un écho favorable lors des dernières élections, c’est aussi parce que les hommes comprennent l’urgence environnementale. Ils perçoivent ces enjeux
environnementaux comme une nouvelle ligne de fracture entre ceux qui peuvent résister, se protéger et ceux qui, déjà, subissent la dégradation de la planète. Ils veulent qu’on pense aux
générations futures.
Tous ensemble, nous devons relever les nouveaux défis de cette société exsangue. Nous aspirons à une société
post-productiviste fondée sur une croissance sélective, sobre, socialement responsable et post-matérialiste portant le bien être, l’émancipation de chacun, le soin et le respect de
l’autre.
Nous pouvons répondre aux aspirations des Français si nous sommes résolus à mettre en commun nos analyses, à partager nos
perspectives et à proposer des solutions pour préparer un autre avenir.
Cela suppose que nous acceptions tous de réévaluer nos certitudes pour dégager ensemble les bases d’une politique
alternative. Le Parti socialiste y est prêt.
Clairement, notre objectif est de participer à l’élaboration d’un projet commun de la gauche en 2012, mais aussi de mettre
en œuvre une stratégie politique électorale commune pour l’emporter. Nous pensons que la « maison commune » doit accueillir tous les citoyens qui se reconnaissent dans cette démarche de
changement.
Nous avons déjà eu les uns et les autres des contacts informels. Je vous propose que nous entrions de plain-pied
collectivement dans cette démarche. N’oublions pas que c’est toujours en étant unis que nous avons connus nos plus belles victoires au service de nos concitoyens, en 1936, en 1981 et en 1997,
mais aussi récemment nos plus belles victoires locales.
Nous devons accorder à ce dialogue tout le sérieux nécessaire en nous donnant le temps qu’il faut, mais sans en
perdre : pour nous, notre rassemblement doit s’engager dès les élections régionales. Elles sont un enjeu majeur pour la gauche, le Parti socialiste est prêt à travailler dans chaque région
avec l’ensemble des partis de gauche et les écologistes, sur un projet commun et une réflexion commune sur notre stratégie électorale.
Au-delà, ce rassemblement pourrait se décliner sous la forme d’initiatives communes, par exemple sur la question de
l’emploi à la rentrée -qui va être sans doute la plus difficile jamais connue particulièrement pour les 650 000 sortants du système scolaire- ou à l’automne sur le climat dans la perspective
du sommet de Copenhague. Nous pourrions aussi décider du principe de ripostes communes aux atteintes contre les droits sociaux, et les libertés publiques ou locales.
Les hommes et les femmes que nous représentons réclament l’unité. Ils ont raison et la crise qu’ils subissent nous crée
plus que jamais des obligations. Nous devons marquer notre volonté de changer la donne politique. Pour inventer et porter ensemble un autre modèle de société, fondé sur nos valeurs de progrès, de
justice sociale, de solidarité et de préservation des équilibres écologiques et des libertés collectives. Voilà pourquoi je vous propose de nous rencontrer au plus tôt selon les formes dont nous pourrons convenir.
Je sais le chemin du rassemblement exigeant mais je m’y engage pleine d’espoir et d’optimisme, consciente de notre
responsabilité historique et de l’attente populaire.
Avec mes sentiments amicaux,
Martine Aubry