Dans une interview en date du 19 juin dernier, Maryse Joissains se voit en « femme d’honneur ».
L’annulation des élections municipales à Aix est pourtant un sérieux démenti à cette affirmation ! Cette invalidation marque en
effet un tournant dans la vie politique française puisque désormais dans le contentieux des élections est intégré la notion de propos gravement diffamatoires. Mme Joissains a tenu, dans un
hebdomadaire national, « des propos et des insinuations d’une nature et d’une gravité inadmissibles ». La décision du juge est une première et constitue donc une condamnation
de l’attitude… déshonorante de Mme Joissains.
Cette décision a été rendue par l’Assemblée du Contentieux du Conseil d’Etat, qui n’est rien moins que la plus haute juridiction
administrative française en sa formation la plus solennelle. Elle fera, sans aucun doute, jurisprudence.
Mais non contente de se poser en victime de la justice administrative, Mme Joissains, (par ailleurs avocate, il faut quand même le
rappeler) accuse le Conseil d’Etat d’être un repaire de gauchistes ( !), et promet désormais de « s’occuper » de la juridiction « L’honneur » d’une juriste
aurait été plutôt de ne pas commenter cette décision de justice, et a fortiori de ne pas tenir ces propos désobligeants à l’égard des magistrats !
Mais Mme Joissains est aussi parlementaire. L’honneur d’un parlementaire n’est-il pas d’être assidu sur les bancs de son
assemblée ? Elle y brille par… son absence. Depuis juin 2007, date du renouvellement de l’Assemblée nationale, aucune question orale, aucune prise de parole de plus de 3 mots : des
interjections lors de 6 séances se limitant à trois « très bien ! » et un « très juste ! ».
Dans un article de La Provence, Mme Joissains se félicite de ses 11 interventions très récentes en Commission mais ce sont les
premières depuis 2 ans, elle n’apparaît dans aucun compte rendu de la Commission des lois ! Une séance, 11 interventions. Et quelles interventions !
Il semble que la députée ait très mal préparé le sujet traité par la Commission ce jour là (des transferts de compétences en direction
des départements). Non contente de dénigrer les agents des parcs et jardins de la ville qui apprécieront (« les mairies, qui manquent souvent de personnels compétents pour entretenir les
parcs et jardins »), elle fait un contresens ubuesque sur les agents des routes des anciennes DDE transférés aux départements : Mme Joissains semble découvrir que les agents des
routes sont chargés de l’entretien de la voirie et non des jardins…
Extrait :
Mme Maryse Joissains-Masini.
(…) Concernant le second
problème, ne pourrait-on pas prévoir dans la loi que les personnels puissent être intégrés dans d’autres collectivités territoriales, notamment les mairies, qui manquent souvent de personnels
compétents pour entretenir les parcs et jardins ? Je crois que cela s’est déjà fait. Une telle possibilité offrirait un choix supplémentaire, de nature à satisfaire les
syndicats.
M. Bernard Derosier. Même
si les termes semblent proches, les ouvriers des parcs et ateliers ne travaillent pas dans les parcs et jardins !
Derosier, lui, avait bossé le dossier…
Après une mise au point de son collègue UMP Charles de la Verpillière, Mme Joissains revient au front en demandant pourquoi l’Etat ne
compensait pas le coût engendré par le transfert aux communes des ouvriers des ateliers de l’équipement. Or le projet discuté transférait ces compétences… aux départements.
Mais les parcs et jardins préoccupent Mme Joissains, et elle insiste :
Mme Maryse Joissains-Masini. Si je comprends bien, les communes vont assumer des compétences qui étaient, jusqu’à présent, du ressort de l’État. Or, pour les parcs et jardins,
le transfert de moyens n’est pas prévu. Qui dit appels d’offres, dit en effet paiement du service par la commune.
M. René Dosière. Je
reviens sur le problème de l’intervention des parcs de l’équipement, devenus départementaux, dans les communes. (…)
M. le rapporteur. (…)
Madame Joissains-Masini, il n’y a aucune difficulté : les parcs de l’équipement actuels ne travaillent pas dans les parcs et jardins des communes ; ils interviennent sur les réseaux
routiers de l’État, du département et, dans certains cas, des communes. (…)
Aura-t-elle compris cette fois ?
Son insistance tient peut-être au fait que depuis l’annulation des élections, les ouvriers des parcs et jardins d’Aix ont fort à faire : au Jas de Bouffan, par exemple, des espaces non
entretenus depuis des mois font l’objet de toutes les attentions de ce service. Certaines pelouses ont été tondues 3 fois en 3 semaines… On comprend mieux pourquoi ça la titille…
Autre point abordé dans l’interview, les problèmes de gestion de Pays d’Aix Habitat. Nul n’ignore la valse des directeurs intervenue
depuis plus de sept ans. Mme Joissains rejette la responsabilité des vicissitudes traversées par cet organisme aux seuls administrateurs, qui ne trouvent pas plus grâce à ses yeux que les agents
des parcs et jardins. Rappelons tout de même que c’est la maire d’Aix en Provence qui assure la présidence du conseil d’administration de Pays d’Aix Habitat, et qu’elle a donc son mot à dire sur
la nomination de l’équipe dirigeante...
L’honneur d’un administrateur est aussi de savoir reconnaître ses erreurs et ne pas se défausser sur des agents qui n’ont parfois pas
les moyens de mener à bien leur mission, notamment quand la direction est erratique.
Alors le slogan de campagne de Maryse Joissains laisse rêveur. Il est question de voter pour rendre son « Honneur » à notre
ville. Or, c’est le comportement de Maryse Joissains qui a conduit à l’annulation des élections de mars 2008 pour un motif inédit : la violence inadmissible des propos tenus pendant la
campagne, qui dépassaient les limites acceptables du débat politique.
En mettant au cœur de la campagne la notion d’honneur, Maryse Joissains joue au pompier pyromane.
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Les comptes rendus des débats et des interventions en Commission sont disponibles sur le site de l’Assemblée nationale www.assemblee-nationale.fr
Merci à T.B. pour ce billet :-)